mercredi 4 avril 2018

Article d'Anastassia Anglade

Caroline K – à propos des "Big Bang Flowers"

Big Bang Flowers, un univers

Une voix, un regard, un geste.
Toujours les trois ensemble accordés, Caroline K peint.
À contre-courant, elle laisse entendre dans cette suave trinité – musique, lumière, mouvement – que l'art pictural n'a pas succombé de ses abstractions.
À la manière d'un Kandinsky, la vibration des couleurs devient son. Mais loin des formes pures, ses entrelacs chromatiques dévoilent des compositions plutôt florales que géométriques.
Des fleurs, donc – à profusion.
Pas vraiment de celles que l'on cueille en un réseau dans la nature infinie. Mais plutôt de celles qui se cisèlent en symphonies sur la toile dans l'acuité du geste. Avec la précision de l'orfèvre, Caroline K magnifie le dessin.
Big Bang Flowers raconte précisément une explosion. Cette tension perpétuelle entre ce qui chante, miroite et danse dans le monde. Mais, hors du verbe – en-deçà, au-delà – quand la parole a restitué le mot à la mélodie du pinceau. Et qu'il reste possible d'en extraire un florilège de sensations. Plongée abrupte dans une palette saturée et rythme effréné de lignes arabesques, ses tableaux mêlent les plans entre couleurs et traits. Des flots d'aplats dans la facture diaphane de l'aquarelle puis des lignes où se ressaisissent les formes. Combustion colorée d'arrière-plan afin de mieux projeter les motifs, son art pictural ne se soucie que d'une émotion bien exprimée.
Question de trame et de chaîne à la manière dont l'on tisse, Caroline K redonne un vocabulaire à la peinture.


Big Bang Flowers, une origine


Dans la pratique picturale de Caroline K, différents arts se croisent et se nourrissent, se mêlent et finalement s'y retrouvent avec le plus grand naturel. Rien d'étonnant à cela. Dès le plus jeune âge, la future peintre se rêve d'abord pianiste. En guise d'adolescence, dix années passées à étudier la musique semble fixer l'horizon d'une carrière professionnelle. Mais, à la faveur d'événements familiaux, elle s'oriente contre toute attente, à l'âge de choisir une formation, vers les Beaux-Arts. Musique et peinture font désormais partie intégrante de son parcours d'artiste. Ne reste plus qu'à y ajouter l'expérience du déracinement.
Mais pas dans n'importe quel pays. Aimé pour sa musique pop, pour son flegme exquis, ses vallons embrumés, ce sera le Royaume-Uni. Trois années plus tard et une naissance en plus, elle revient en France avec sa fille. Les expositions se succèdent et les thèmes s'enchaînent. « Papiers peints » avec son influence graphique pop mêlant pavages de codes barres et cortège d'animaux stylisés, « Petites filles modèles » avec son écriture photographique de robes virevoltantes saisies sur le vif et « Enchantement » avec son atmosphère tristement lunaire irisée de motifs joyeusement colorés, autant d'expositions et d'inspirations qui finissent par mener à Big Bang Flowers.
Car dans ce nouveau thème se retrouve tout ce qui fait l'univers du peintre. Des couleurs fragiles mais éclatantes, des lignes fluides mais précieuses, des effets de surimpression délicats mais tranchés, des rencontres détonantes entre fonds et formes. Et au-delà des détails, une syntaxe parfaitement maîtrisée qui enchaîne et poursuit son élaboration plastique de découverte en découverte.

Anastassia Anglade

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