Caroline
K – à propos des "Big Bang Flowers"
Big
Bang Flowers, un univers
Une
voix, un regard, un geste.
Toujours
les trois ensemble accordés, Caroline K peint.
À
contre-courant, elle laisse entendre dans cette suave trinité –
musique, lumière, mouvement – que l'art pictural n'a pas succombé
de ses abstractions.
À
la manière d'un Kandinsky, la vibration des couleurs devient son.
Mais loin des formes pures, ses entrelacs chromatiques dévoilent des
compositions plutôt florales que géométriques.
Des
fleurs, donc – à profusion.
Pas
vraiment de celles que l'on cueille en un réseau dans la nature
infinie. Mais plutôt de celles qui se cisèlent en symphonies sur la
toile dans l'acuité du geste. Avec la précision de l'orfèvre,
Caroline K magnifie le dessin.
Big
Bang Flowers raconte précisément une explosion. Cette tension
perpétuelle entre ce qui chante, miroite et danse dans le monde.
Mais, hors du verbe – en-deçà, au-delà – quand la parole a
restitué le mot à la mélodie du pinceau. Et qu'il reste possible
d'en extraire un florilège de sensations. Plongée abrupte dans une
palette saturée et rythme effréné de lignes arabesques, ses
tableaux mêlent les plans entre couleurs et traits. Des flots
d'aplats dans la facture diaphane de l'aquarelle puis des lignes où
se ressaisissent les formes. Combustion colorée d'arrière-plan afin
de mieux projeter les motifs, son art pictural ne se soucie que d'une
émotion bien exprimée.
Question
de trame et de chaîne à la manière dont l'on tisse, Caroline K
redonne un vocabulaire à la peinture.
Dans
la pratique picturale de Caroline K, différents arts se croisent et
se nourrissent, se mêlent et finalement s'y retrouvent avec le plus
grand naturel. Rien d'étonnant à cela. Dès le plus jeune âge, la
future peintre se rêve d'abord pianiste. En guise d'adolescence, dix
années passées à étudier la musique semble fixer l'horizon d'une
carrière professionnelle. Mais, à la faveur d'événements
familiaux, elle s'oriente contre toute attente, à l'âge de choisir
une formation, vers les Beaux-Arts. Musique et peinture font
désormais partie intégrante de son parcours d'artiste. Ne reste
plus qu'à y ajouter l'expérience du déracinement.
Mais
pas dans n'importe quel pays. Aimé pour sa musique pop, pour son
flegme exquis, ses vallons embrumés, ce sera le Royaume-Uni. Trois
années plus tard et une naissance en plus, elle revient en France
avec sa fille. Les expositions se succèdent et les thèmes
s'enchaînent. « Papiers peints » avec son
influence graphique pop mêlant pavages de codes barres et cortège
d'animaux stylisés, « Petites filles modèles »
avec son écriture photographique de robes virevoltantes saisies sur
le vif et « Enchantement » avec son atmosphère
tristement lunaire irisée de motifs joyeusement colorés, autant
d'expositions et d'inspirations qui finissent par mener à Big Bang
Flowers.
Car
dans ce nouveau thème se retrouve tout ce qui fait l'univers du
peintre. Des couleurs fragiles mais éclatantes, des lignes fluides
mais précieuses, des effets de surimpression délicats mais
tranchés, des rencontres détonantes entre fonds et formes. Et
au-delà des détails, une syntaxe parfaitement maîtrisée qui
enchaîne et poursuit son élaboration plastique de découverte en
découverte.
Anastassia
Anglade